Mon approche photographique : une immersion urbaine
Mon travail repose sur mes déambulations urbaines, à la recherche de ces instants fugaces qui ne se révèlent qu'à celui ou celle qui prend le temps de s'arrêter et d'observer. Même si mes photographies peuvent donner l’impression d’être prises sur le vif, elles sont toujours le fruit d’une période d’observation minutieuse qui précède chaque prise de vue.
Je ne cherche pas à me cacher lorsque j’utilise mes appareils, qu’ils soient argentiques ou numériques, et je travaille principalement avec des objectifs compacts, comme un 50 mm ou un 85 mm, pour ne pas intimider les passants. J’aime régler mon boîtier à la vitesse du sujet que je photographie. Souvent, mes modèles apparaissent presque figés, proches de l’immobilisme. Cette immobilité met en exergue leur présence, tandis que l’arrière-plan et les badauds en mouvement s’impriment de manière abstraite, ajoutant une touche d’éphémère et de poésie à l’image. Je travaille toujours sans trépied, ce qui me permet une grande liberté de mouvement pour mieux capter la lumière et l’instant décisif.
Cette méthode m’a permis de découvrir des personnalités uniques et des compositions inattendues entre personnages, se formant devant moi avec une justesse presque chirurgicale, souvent grâce au hasard. À travers ces scènes, je pénètre indirectement l’émotion et la complexité de la population brestoise, traduites par leurs gestes et leurs interactions dans l’espace public.
Le seul véritable filtre en photographie est celui du regard du photographe, et il repose sur plusieurs principes fondamentaux : le tri effectué en solitaire devant ses clichés, le respect du droit moral des sujets, l’attention portée à tous les acteurs présents sur l’image, et enfin, un amour sincère pour la vie urbaine et les rencontres qu’elle offre. Ces principes guident mes choix esthétiques et éthiques. Ainsi, je ne photographie jamais certaines scènes stigmatisantes : un sans-abri assis au sol, un homme attablé avec une bière, un enfant qui pleure, ou cette femme qui me lance un regard sombre en voyant mon appareil.
Mes portraits de rue capturent des instants de vie, des rencontres et des situations, qu’il s’agisse de scènes solitaires ou de groupes. À travers ces images, je fige des regards et des appropriations de l’espace urbain, tout en conservant la mémoire des traces laissées par les habitants de Brest, si singuliers dans leur quotidien.
Mes photos ne sont jamais volées : elles saisissent des instants de vie pris à la volée.